Le jardin de Cyrille en Isère est magnifique, alternant allées d’arbres, planches de légumes, enclos pour des poules ou les ânes. Si sa ferme est aujourd’hui un modèle d’agroforesterie en agriculture biologique, c’est autre chose qui m’a particulièrement touchée dans ce petit paradis. La conscience du collectif.

Cyrille participe à un réseau d’entraide paysanne d'une dizaine de fermes. Chaque semaine, le jeudi, ils se retrouvent tous sur une des fermes pour un chantier collectif. C’est une vraie organisation du réseau paysan du territoire. C’est pour moi une vraie réussite.

Mais quand j’échange avec Cyrille, il ne cache pas aussi les points noirs de son système… l’équilibre économique de sa ferme n’est pas encore là. Pour lui, le travail paysan n’est pas assez valorisé.

 

 

Le temps des légumes
La Ferme pour Tous

Pascal produit, avec Jérôme, 20 tonnes de légumes bio par an sur 1 hectare, sans mécanisation, en faisant leurs propres semences.

En 2019, Sarah les rejoint, et ils concrétisent un projet de ferme associative. Une association regroupant la société civile locale, les collectivités publiques et les acteurs privés est devenue propriétaire de la ferme. L’enjeu est double : impliquer tous les acteurs d’un même territoire sur des enjeux aussi essentiel que « manger », et préserver du foncier agricole dans une région à forte pression immobilière et touristique.

Ils fournissent une des premières amap de Haute Savoie et ont créé un vrai lien de confiance avec leurs adhérents. Avec la grêle et la sécheresse de cette année, ils ont pu mesurer tout le soutien des consommateurs.

 

 

 

 

 

La ferme Noires des Cimes

Manon et Charles ont 25 ans, une jeunesse pleine de convictions. Attachés à la montagne, ils ont choisi d’élever une dizaine de vaches Hérens et une quinzaine de chèvres sous mention Nature et Progrès. Ils voulaient montrer que c’était possible de vivre avec peu de bêtes et de s’en occuper avec respect, respect pour l’environnement, respect pour les bêtes et respect pour l’homme qu’on nourrit.

Ils transforment eux même le lait pour la vente directe et donc valorisent mieux leur travail.

Pourtant les difficultés d’installation et d’accès au foncier mettent parfois à mal leur énergie débordante. Ils ont déménagé 3 fois en 3 ans, n’ont toujours pas de terres et de bâtiment à eux… ils y croient encore mais jusqu’à quand ?

Le Gaec Gachet

Issue d'une famille de paysans dans le Beaufortain, Pierre a des idées qui bousculent le monde agricole dominant.  Il est pour les petites fermes, nombreuses, avec plus de paysans. Dans le Gaec, ils sont 4 pour se répartir le travail, garder du temps pour leur famille, et ils ont (seulement) 35 laitières. Pourquoi avoir un gros troupeau si c’est pour payer des emprunts pour rembourser les machines et le bâtiment ?

 Il est contre la propriété de la terre qui devrait être un bien commun et loue donc la totalité de ses terres dont un alpage où il passe 3 mois tous les étés.

Il remet même en question la présence des vaches, trop nombreuses pour que ce soit viable pour la terre et les hommes. C’est pourtant un éleveur qui aime ses bêtes, il en parle avec bienveillance, comme d’une deuxième famille.